RÉSUMÉ
Abla Pokou est une reine africaine qui, vers 1770, mena le peuple baoulé du Ghana vers la Côte d'Ivoire.
La légende raconte qu'elle aurait sacrifié son fils unique pour traverser une rivière.
Le mot "Baoulé"
par lequel on désigne désormais les descendants du peuple qu'elle
conduisait provient de l'épisode du sacrifice de son fils unique.
Après
l'immolation de son rejeton, elle déclare « Ba-ouli », ce qui signifie
« L'enfant est mort », d'où le nom « Baoulé ».
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- Selon la légende, la reine Abla Pokou et ses partisans ont été bloqués dans leur fuite par le fleuve mugissant de la Comoé,
une frontière naturelle entre le Ghana et leur prochaine terre
d'accueil, la Côte d'Ivoire.
- Les pluies hivernales avaient gorgé le
fleuve, le rendant infranchissable.
- Les poursuivant étant à seulement quelques kilomètres d'eux, il faut
trouver une solution.
- On consulte alors les mannes. En désespoir de
cause, la reine Abla Pokou lève les bras au ciel et se tourne vers son
devin : « Dis-nous ce que demande le génie de ce fleuve pour nous
laisser passer ! »
- Et le vieil homme lui répond : « Reine, le fleuve est
irrité, et il ne s'apaisera que lorsque nous lui aurons donné en
offrande ce que nous avons de plus cher. ».
- Aussitôt, les femmes tendent leurs parures d'or et d'ivoire ; les
hommes avancent qui leurs taureaux, qui leurs béliers.
- Mais le devin
repousse toutes ces offres et dit, de plus en plus triste : « Ce que
nous avons de plus cher, ce sont nos fils ! ».
- Mais personne ne veut
offrir son enfant en sacrifice.
- Dès lors, Abla Pokou comprend que seul
le sacrifice de son propre fils, unique, peut satisfaire les génies du
fleuve.
- Abla Pokou éleve l'enfant au-dessus d'elle, le contemple une
dernière fois et le précipite dans les flots grondants…
- Sitôt après ce
geste irréversible de la reine, les eaux troublées de la Comoé se
calment et se retirent jusqu'au genou, comme par magie, et toute la
tribu franchit le fleuve sans encombre.
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Après la traversée, la reine se retourne et murmure dans un sanglot :
« Bâ wouli », ce qui signifie littéralement : « L'enfant est mort. »
- Cette phrase aurait donné par la suite le nom du peuple Baoulé (ba
wouli). C'est ainsi qu'en souvenir de cet enfant, la tribu d'Abla Pokou
aurait été appelée "Baoulé".
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Jean Noel Loucou est un historien ivoirien
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