Une si Longue Lettre

http://bit.ly/Alexandre-Breyo





UNE SI LONGUE LETTRE
Mariama Ba


 
RÉSUMÉ
  • Une si longue lettre est une oeuvre majeure, pour ce qu'elle dit de la condition des femmes. 

    Au coeur de ce roman, la lettre que Ramatoulaye, adresse à sa meilleure amie, pendant la réclusion traditionnelle qui suit son veuvage.

    Elle y évoque leurs souvenirs heureux d'étudiantes impatientes de changer le monde, et cet espoir suscité par les Indépendances. 

    Mais elle rappelle aussi les mariages forcés, l'absence de droit des femmes.

    Et tandis que sa belle-famille vient prestement reprendre les affaires du défunt, Ramatoulaye évoque alors avec douleur le jour où son mari prit une seconde épouse, plus jeune, ruinant vingt-cinq années de vie commune et d'amour.

    La Sénégalaise Mariana Bâ est la première romancière africaine à décrire avec une telle lumière la place faite aux femmes dans sa société.
    AAAA
MORCEAUX CHOISIS
  •  « Pour vaincre ma rancoeur, je pense à la destinée humaine. Chaque vie recèle une parcelle d'héroïsme, un héroïsme obscur fait d'abdications, de renoncements et d'aquiescements, sous le fouet impitoyable de la fatalité.
  • "Je pense aux aveugles du monde entier qui se meurent dans le noir. Je pense aux paralytiques du monde entier qui se traînent. Je pense au lépreux du monde entier que leur mal ampute.
  • "Victimes d'un triste sort que vous n'avez pas choisi, que sont, à côté de vos lamentations, mes démêlés, motivés cruellement, avec un mort qui n'a plus de mainmise sur ma destinée ? Justiciers, vous auriez pu, en liguant vos désespoirs, rendre tremblants ceux que la richesse enivre, ceux que le hasard favorise. Vous auriez pu, en une horde puissante de sa répugnance et de sa révolte, cracher le pain que votre faim convoite.
  • "Votre stoïcisme fait de vous non des violents, non des inquiétants, mais de véritables héros, inconnus de grande histoire, qui ne dérangent jamais l'ordre établi, malgré votre situation misérable.
  • "Je répète, que sont, à côté de vos tares visibles, les infirmités morales dont vous n'êtes d'ailleurs pas à l'abri ? En pensant à vous, je rends grâce à Dieu de mes yeux qui embrassent chaque jour le ciel et la terre. Si la fatigue morale m'ankylose aujourd'hui, elle désertera demain mon corps. Alors, ma jambe délivrée me portera lentement et, à nouveau, j'aurai autour de moi l'iode et le bleu de la mer. Seront miens l'étoile et le nuage blanc. Le souffle du vent rafraîchira encore mon front. Je m'étendrai, je me retournerai, je vibrerai. Ô ! santé, habite-moi. Ô ! santé...
  • "Mes efforts ne me détournent pas longtemps de ma déception. Je pense au nourrisson orphelin à peine né. Je pense à l'aveugle qui ne verra jamais le sourire de son enfant. Je pense au calvaire du manchot... Je pense... Mais mon découragement persiste, mais ma rancoeur demeure, mais déferlent en moi les vagues d'une immense tristesse !






Mariama Bâ, née le 17 avril 1929 et morte le 17 août 1981 à Dakar, est une femme de lettres sénégalaise. Dans son œuvre, elle a critiqué les inégalités entre hommes et femmes à cause des traditions africaines.