RÉSUMÉ
" La
métamorphose est un recueil de 16 nouvelles de longueurs inégales
(allant de 3 phrases à 85 pages) dont la plus étoffée est la nouvelle
titre, "La Métamorphose".
Gregor Samsa, voyageur de commerce qui fait
vivre ses parents et sa soeur dans un appartement commun, se trouve, au
réveil, métamorphosé en gros cancrelat.
Les conséquences sont infinies.
le suspense dure plus de vingt pages alors qu'il pense encore, malgré
son état de cafard, qu'il va aller travailler !
Et comment sa famille va
t-elle accueillir cette métamorphose radicale ? Il a du mal à sortir du
lit, ouvrir la porte de sa chambre...
AAAA
MORCEAUX CHOISIS
- "Un
matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé
dans son lit en une véritable vermine. Il était couché sur le dos, un
dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s'aperçut
qu'il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures
arquées. La couverture, à peine retenue par le sommet de l'édifice,
était près de tomber complètement, et les pattes de Grégoire,
pitoyablement minces pour son gros corps, papillotaient devant ses yeux.
"
Que m' est-il arrivé ? " pensa-t-il. Ce n'était pourtant pas un rêve :
sa chambre, sa vraie chambre d'homme, quoique un peu petite à vrai dire,
se tenait bien sage entre ses quatre murs habituels. Au-dessus de la
table où s'étalait sa collection d'échantillons de tissus -- Grégoire
était voyageur de commerce -- on pouvait toujours voir la gravure qu'il
avait découpée récemment dans un magazine et entourée d'un joli cadre
doré. Cette image représentait une dame assise bien droit, avec une
toque et un tour de cou en fourrure : elle offrait aux regards des
amateurs un lourd manchon dans lequel son bras s'engouffrait jusqu'au
coude.
Grégoire regarda par la fenêtre ; on entendait des gouttes
de pluie sur le zinc ; ce temps brouillé le rendit tout mélancolique : "
si je me rendormais encore un peu pour oublier toute ces bêtises ",
pensa-t-il, mais c'était absolument impossible : il avait l'habitude de
dormir sur le côté droit et ne pouvait parvenir dans sa situation
présente à adopter la position voulue. Il avait beau essayer de se jeter
violemment sur le flanc, il revenait toujours sur le dos avec un petit
mouvement de balançoire. Il essaya bien cent fois, en fermant les yeux
pour ne pas voir les vibrations de ses jambes, et n'abandonna la partie
qu'en ressentant au côté une sorte de douleur sourde qu'il n'avait
jamais éprouvée.
" Quel métier, pensa-t-il, quel métier suis-je
allé choisir ! Tous les jours en voyage ! Des ennuis pires que dans le
commerce de mes parents ! et par-dessus le marché cette plaie des
voyages : les changements de trains, les correspondances qu'on rate, les
mauvais repas qu'il faut prendre n'importe quand ! à chaque instant des
têtes nouvelles, des gens qu'on ne reverra jamais, avec lesquels il n'y
a pas moyen d'être camarade ! Que le diable emporte la boîte.
"Était-il
une bête, pour être à ce point ému par la musique ? Il avait le
sentiment d’apercevoir le chemin conduisant à la nourriture inconnue
dont il avait le désir. Il était résolu à s’avancer jusqu’à sa sœur, à
tirer sur sa jupe et à lui suggérer par là de bien vouloir venir dans sa
chambre avec son violon, car personne ici ne méritait qu’elle jouât
comme lui entendait le mériter. Il ne la laisserait plus sortir de sa
chambre, du moins tant qu’il vivrait ; son apparence effrayante le
servirait, pour la première fois ; il serait en même temps à toutes les
portes de sa chambre, crachant comme un chat à la figure des agresseurs ;
mais il ne faudrait pas que sa sœur restât par contrainte, elle
demeurerait de son plein gré auprès de lui
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Franz Kafka est un écrivain pragois de langue allemande et de
religion juive, né le 3 juillet 1883 à Prague et mort le 3 juin 1924 à
Kierling. Il est considéré comme l'un des écrivains majeurs du XXᵉ
siècle.
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